,0,La chapelle de Berven

L'enclos paroissial de Notre-Dame de Berven,
haut lieu de Plouzévédé

visite-exterieure Visite intérieure Plan de localisation côté sud Côté Est
Côté Nord Autel Notre Dame Chancel et Jubé Chœur Retables

Nous vous proposons une visite de l'enclos paroissial de Notre-Dame de Berven situé sur la commune de Plouzévédé (Finistère). La première chapelle aurait été construite en ces lieux au VIe siècle par des disciples de Saint Paul Aurélien dont Tévédé qui a donné son nom à la commune (Gwitévédé en breton). Ceux-ci s'aperçurent que les habitants s'assemblaient autour d'un chêne séculaire pour des cérémonies druidiques. Ils bâtirent à côté une chapelle sous le nom de Notre-Dame de Derven, le chêne en breton. La construction de la chapelle actuelle a été décidée le 21 juin 1573 par délibération des paroissiens de la commune. Cette construction a été réalisée rapidement puisque la date la plus tardive portée par la structure est 1580.

Vue de la chapelle de Berven

Visite extérieure

Faites le tour de la chapelle de Notre-Dame de Berven

L'art de triomphe

L'arc de triomphe

La visite commence par l'arc de triomphe qui permet de pénétrer dans l'enclos paroissial. L'arche centrale était autrefois fermée par une lourde porte de fer qui ne s'ouvrait que pour les mariages et les enterrements. Les paroissiens entraient dans l'enclos en franchissant les trois marches de pierre et les échaliers qui permettaient d'éviter que les animaux ne pénètrent dans l'espace sacré.
Un escalier dérobé dans l'épaisseur de la construction, à la gauche de l'arc, permet d'accéder à une plateforme sans balustrade.


Une fois l'arc franchi, on se trouve à l'intérieur de l'enclos ceint d'un mur réalisé en moellons taillés, terminé en chapeau de gendarme. A l’intérieur, courant sur toute la longueur du mur, un banc de pierre atteste de la foule qui se rendait autrefois à la chapelle.
L'enceinte s'ouvre sur les 4 côtés, par l'arc de triomphe qui est l'entrée principale au nord, par un passage orné de volutes en S devant le clocher à l'ouest, et par trois autres ouvertures à échaliers, au sud, à l'est et au nord.

Enclos ceint d'un mur réalisé en moellons taillés

Le clocher à dôme

Le clocer à dôme

Le clocher à dôme, remarquable par sa forme élancée, est le premier du genre en Bretagne. Haut de plus de 35 mètres, sa construction s’est faite d’un seul jet entre 1575 et 1576. Sur une première plate-forme entourée d'une balustrade de pierre se dresse le premier niveau de chambres de cloches, vient ensuite le second niveau de chambres de cloches couronné d'un dôme. Celui-ci est entouré d'une élégante balustrade formée de cercles moulurés ajourés. Le clocher se termine par la superposition de trois lanternons ronds qui rappellent la silhouette de la lanterne du château de Chambord. Ce clocher est le prototype du clocher de Roscoff.


Au-dessus de la porte en plein cintre, on remarque une niche vide à fronton triangulaire qui surmonte un écusson en kersanton (roche du Finistère facile à travailler et résistante au temps) martelé à la révolution. Au-dessus, 3 niches à coquille vides. Sur le côté droit du clocher, une tourelle qui s'arrête à mi-hauteur contient un escalier à vis auquel on accède à partir de l'intérieur de la chapelle. Cet escalier donne accès à une petite salle voutée dans laquelle se trouve une cheminée. Dans cette pièce, une fenêtre en forme de meurtrière permet de voir le chœur de la chapelle. D'après la tradition, les moines condamnés au pain et à l'eau pouvaient assister aux offices à partir de cette petite salle.
Le clocher à dôme

Intertitre côté sud

Façade sud, porte

En poursuivant vers la droite, on accède à la façade sud de la chapelle. Sur le côté gauche de cette façade, le mur est percé d'une porte. Sur l'entablement situé au-dessus de cette porte, se trouvent deux statues décapitées. Celle de gauche représente Sainte Anne (patronne de la Bretagne avec Saint Yves), assise, un livre ouvert sur les genoux et enseignant Marie. L'autre personnage est un personnage masculin portant un livre et une épée, vraisemblablement Saint Paul.


Plus à gauche le long de la façade se trouve l'oratoire du Pénity (lieu de pénitence). Ce petit bâtiment qui s'accroche sur l'angle de la sacristie est daté de 1563, soit dix ans plus ancien que le début des travaux de la chapelle. Il contient un autel de granite de 1573 qui était autrefois surmonté de la statue de Notre-Dame de la Délivrance

Oratoire du Pénity

Crossette au-dessus de l'oratoire du Pénity

A noter, sur l'angle droit de la toiture de la sacristie, au-dessus de l'oratoire du Pénity, une crossette prenant la forme d'un homme, barbu, casqué et ayant la main droite sur la garde d'une épée.

Le côté Est

En poursuivant le long de la chapelle, on atteint la façade est. Sur cette façade, on peut remarquer sur chacun des transepts une porte et une fenêtre murée de forme ovale. A noter devant les portes des pavages géométriques réalisés à partir de pierres posées sur chant.

Pavages géométriques

Eve à gauche et Adam à droite

La fenêtre du chevet est divisée par trois meneaux (élément vertical qui divise la baie d'une fenêtre). La partie haute du remplage (armature en pierre taillée d'une baie) est caractéristique de la dernière phase de l'art gothique, le gothique flamboyant.
De part et d'autre de ce chevet se trouvent deux personnages réputés être, à gauche Eve et à droite Adam.

Le côté Est

Fenêtre côté nord

A noter les deux fenêtres de la nef. A arc brisé, elles possèdent un meneau central et un remplage à soufflets (éléments en forme de cœur). Les frontons de ces fenêtres sont similaires à ceux des fenêtres du château de Kerjean situé sur la commune voisine de Saint-Vougay.

La fontaine Notre-Dame de Berven

En ressortant de l'enclos et en suivant l'enceinte vers la droite, on accède à une fontaine située à environ 50 mètres, sur l'ancien champ de foire qui accueillait plusieurs fois par an une grande foire.
La fontaine Notre-Dame de Berven est entourée d'une enceinte rectangulaire surmontée d'un édicule carré amorti en dôme. Une croix en kersanton a été ajoutée en 1936. Elle abrite une statue en granite de la Vierge à l’Enfant souriante.
La fontaine Notre-Dame de Berven était invoquée pour aider les enfants à acquérir la marche tôt. On les conduisait à la fontaine trois lundis consécutifs puis on leur faisait faire neuf fois le tour de la chapelle.

La fontaine Notre-Dame de Berven

Visite intérieure

L’intérieur de la chapelle est actuellement en travaux pour une rénovation complète. En attendant sa réouverture, nous vous proposons de découvrir une partie de ses trésors.
La chapelle respecte un plan en croix latine. La nef est encadrée à droite et à gauche par un bas-côté, le chœur peu débordant est à chevet plat. Les grandes arcades en plein cintre de la nef laissent pénétrer la lumière directement entre des piliers cylindriques délimitant 4 travées.
L’édifice est du type à nef obscure lambrissée, en berceau brisé, la couleur bleue de la voûte évoquant le ciel.

Les détails de la charpente

Points 1 à 7 du plan détaillé.
En entrant dans la chapelle, on remarque immédiatement la voute lambrissée en berceau brisé peinte en bleu sombre. Ce type de voute est parfois appelé "en coque de bateau renversée".

Grande poutre transversale

De grandes poutres transversales, parallèles au chœur traversent la chapelle. Les poutres d'origine sont engoulées, c'est-à-dire qu'elles donnent l'impression d'être englouties par un monstre.


Cette charpente repose, au sud et au nord sur deux sablières sculptées. Côté nord, on peut reconnaître une tête, des animaux, des monstres, des personnages masculins et féminins allongés, un plateau avec un calice… Côté sud, la sablière reprend les mêmes thèmes. Elle représente aussi une tête de vache. Il s'agit ici vraisemblablement de la vache de Kermojean. Une histoire raconte en effet que lors de la construction de la chapelle, un ouvrier a eu la langue sectionnée. Il a été nourri du lait de cette vache grâce à la bonté d'un paysan de ce hameau de la commune. Sur cette même sablière, on remarque une navette de tisserand qui rappelle que la prospérité du Léon était liée à la culture du lin et à la transformation en toile utilisée par exemple pour les voiles de bateaux .

Détails sur deux sablières sculptées

On y retrouve de part en part, des blochets sculptés (pièces de charpente prolongées vers l'intérieur de la chapelle) parmi lesquels on peut reconnaître Saint-Michel portant la balance du jugement dernier, Saint-Pierre reconnaissable à sa clé ou encore Sainte-Marguerite sortant du dragon.

Blochets sculptés

Autel Notre-Dame de Pitié

Point 8 du plan détaillé.
Un autel de granite d'un style similaire à celui du maître autel est surmonté d'une niche à volets offerte à la chapelle en 1895 à l'occasion d'un mariage. Ce retable est réalisé en bois teint rehaussé de touches d'or et de rouge. Le coffre central abrite une Pietà de plâtre. Le haut du coffre est décoré d'arcatures en anse de panier, festonnées de guirlandes d'anges et de feuillages. Ce coffre se ferme par un ensemble de trois volets articulés.
Le panneau le plus à gauche présente trois figures de saints, de haut en bas, Sainte Véronique tenant en main la Sainte Face, Sainte Hélène devant la Sainte Croix qu'elle redécouvrit et Saint Louis portant la relique de la Sainte Epine. Le panneau central reprend trois thèmes liés à la jeunesse du Christ. De haut en bas, la Présentation au Temple, la Fuite en Egypte et Jésus au Temple parmi les Docteurs. Le volet de droite décrit trois scènes liées à la passion du Christ. De haut en bas, la Montée au Calvaire, l'Elévation de la Croix et l'Ensevelissement.

Autel Notre-Dame de Pitié

Chancel et jumé

Point 9 du plan détaillé.
La chapelle Notre-Dame de Berven a conservé son chancel et son jubé.
Le premier, réalisé en granite et en bois porte la date de 1601. Il a donc été construit dans le prolongement de la chapelle. Le jubé en bois est plus tardif, il date de 1724.
Le chancel sépare la nef du chœur. Sa façade avant est constituée d'une arcature de douze colonnes de granite. Ces colonnes sont réunies entre elles par de petits arceaux. Le passage entre la nef et le chœur se fait par deux vantaux de bois qui prennent place sous un arc de plein cintre. Les côtés du chancel sont constitués d'une alternance de colonnes et de colonnettes reposant sur des panneaux de bois.

Chancel et jubé
Détail d'oiseaux picorant des grappes de raisin

Colonnes et colonnettes sont décorées en partie basse de torsades feuillagées. Ces torsades sont "habitées" d'oiseaux picorant des grappes de raisin (symbole eucharistique) et d'un escargot (symbole de résurrection).

Détail d'un escargot

Les parois latérales et les vantaux de la porte sont décorés de panneaux sculptés. Ces panneaux représentent 24 personnages, saints, saintes et bienheureux.

Vantaux de la porte décorés de panneaux sculptés

Les deux côtés du chancel portent un large fronton triangulaire. Les personnages présents sous ce fronton appartiennent à la scène de l'Annonciation : Marie agenouillée sur un prie-Dieu du côté nord et l'ange Gabriel (ses ailes ont disparu) du côté sud.
Le jubé est la tribune placée en avant du chancel. Il s'appuie sur 4 colonnes et se prolonge dans le bas-côté pour rejoindre l'escalier qui se trouve dans la sacristie.
Côté nef, le jubé montre, sur la galerie, une succession de 6 sculptures séparées par des tableaux. Cinq des sculptures sont identifiées à des vertus. De gauche à droite, on trouve : la Tempérance, la Force, l'Espérance, la Charité, le personnage non identifié parfois appelé la Coureuse et la Prudence. Les quatre tableaux illustrent, toujours de gauche à droite, une mise au tombeau, le portement de Croix, une Pietà et un Ecce Homo (mots prononcés par Ponce Pilate en présentant Jésus flagellé et couronné d'épines). Sur la partie haute du fronton, se dresse une crucifixion. La vierge est placée à la droite du socle de la croix et Saint Jean à gauche. L'ensemble des textes se rapporte à la Vierge Marie.
Côté chœur, le jubé présente un ensemble de six tableaux peints évoquant tous la passion avec, de gauche à droite, un ange portant le sac des trente deniers, un ange qui porte le roseau (sceptre de dérision), cinq des instruments de la passion, le Christ couronné d'épines, un ange présentant la Sainte Face, un ange tenant la colonne de flagellation. Sous ces tableaux, six visages de chérubins.

Sur le dessus du jubé, un pupitre tourné vers le chœur s'appuie sur un pélican, symbole du sacrifice du Christ.

Détail pélican

Intertitre choeur

Stalle

A l'intérieur du chœur, le long de la clôture du chancel, se trouve une double rangée de stalles, vingt-quatre au total. Les accoudoirs des stalles les plus éloignées de l'autel portent des sculptures de sphinges (sphinx féminins) souriantes dont les corps s'enfoncent dans un ensemble végétal. Les accoudoirs des stalles les plus proches de l'autel portent des images de monstres imaginaires, à l'aspect menaçant.


Le maître autel en granite date de la fin du XVIe siècle et se trouve au fond du chœur, devant la fenêtre du chevet. Au centre de l'autel, le tabernacle porte une représentation du Christ, la tête entourée d'un nimbe étoilé bénissant de la main droite et tenant le globe du monde surmonté d'une croix dans la main gauche. De chaque côté du tabernacle, dans des niches, à droite une Vierge à l'enfant et à gauche Saint Joseph. De chaque côté de l'autel, deux colonnes torses sont ornées de feuilles de vigne et du symbole eucharistique des grappes de raisin picorées par des oiseaux. A l'origine, ces colonnes supportaient un arc de triomphe qui masquait une partie de la fenêtre. Cet arc a été démonté en 1879.

autel


Vierge de pitié tenant le Christ

Sur les murs de chaque côté de l'autel, on trouve deux statues qui semblent se répondre, à gauche une Vierge de pitié tenant le Christ mort sur ses genoux et un cœur en main. A droite, Dieu le Père présentant le Christ ressuscité, les pieds de celui-ci reposant sur le globe du monde.

Dieu le Père présentant le Christ

Retable de Notre-Dame de Berven

Points 14 et 15 du plan détaillé.
Le retable de Notre-Dame de Berven se trouve dans le transept gauche. Il se présente sous la forme d'un coffre entouré de 3 volets. La réalisation de cet ensemble est d'inspiration flamande.
Au centre, se trouve la statue de Notre-Dame de Berven, représentée debout, les pieds posés sur un croissant de lune et tenant l'enfant Jésus dans les bras. La Vierge est entourée d'une gloire rayonnante piquetée de roses. A ses pieds, David et Jessé surmontés des rois de Juda présentant une généalogie réduite de Marie.
Deux anges musiciens sont placés de part et d'autre de la tête de la Vierge. Le haut du retable est décoré de petits personnages et de motifs floraux.
La lecture des volets de gauche doit se faire en regardant simultanément les deux vignettes placées sur la même ligne. A chaque fois, un épisode de la naissance du Christ est évoqué avec, en regard la figure d'une sibylle (prophétesse de l'Antiquité) qui avait annoncé sa venue. De haut en bas, la sibylle d'Erythrée et l'annonciation, la Samienne et la visitation et enfin la Cimmérienne et la Nativité.
Le panneau de droite présente trois scènes de l'enfance de Jésus. De haut en bas, le réveil des bergers par l'ange, l'Adoration des Mages, la Présentation au temple.

Retable de Notre-Dame de Berven



Dans le même transept, on trouve une sculpture représentant Sainte Anne enseignant la Vierge. L'iconographie est très classique : Sainte Anne assise tient sur ses genoux un livre ouvert. Marie se trouve à ses côtés.

Sculpture Sainte-Anne

Intertitre de Saint-Eloi

Points 16 à 18 du plan détaillé.
Le retable de Saint Eloi est d'une facture très différente. L'iconographie de ses panneaux est simple et accessible à tous. Il faut comprendre que le culte de Saint Eloi, imploré contre les incendies et patrons des maréchaux-ferrants était important dans cette région où les toits des maisons étaient en chaume et l'élevage équin source de revenus.
La niche à deux volets est en partie en bois brut, en partie peinte. La statue de Saint Eloi le représente debout sur une petite estrade, en tenue d'évêque, tenant en main un marteau de maréchal ferrant. Sur les volets sont représentées quatre scènes de la vie du saint. En haut à gauche, Saint Eloi arrête le cheval du roi Dagobert qui s'était emballé. En dessous, Saint Eloi est représenté en prières pour arrêter l'incendie de la chapelle Saint-Martial à Paris. Côté droit, en haut, Saint Eloi ferre la patte coupée d'un cheval suivant la célèbre légende. Enfin, en bas à droite, Saint Eloi reçoit les chartes des mains de Dagobert.
De part et d'autre de ce retable se trouvent deux statues en bois polychrome, Saint Roch à gauche et Saint Jean à droite.

Retable de Saint-Eloi

A bientôt

Nous espérons que cet outil d'accompagnement virtuel vous a permis d'apprécier votre découverte de l'extérieur de la chapelle Notre-Dame de Berven et vous a donné envie de venir découvrir son intérieur dès que les artisans qui veillent à sa mise en beauté lui auront rendu sa splendeur d'origine.
Si vous le souhaitez, vous pouvez télécharger en format pdf le document de visite mis à disposition devant la chapelle.

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